Pas de mise au pas pour la jeunesse populaire !

mercredi 12 octobre 2022
par  Aurelia Stedransky

Avec la nomination de Roger Chudeau, député RN de la 2e circonscription de Loir-et-Cher, comme président de la mission d’information sur l’éducation prioritaire, l’Assemblée Nationale savonne une fois encore la planche à la jeunesse en quête d’une place dans la société sous la protection des valeurs de la république, Liberté, égalité et fraternité (ou sororité).
On peut préciser en effet, car avec la majorité de ses propositions de lois déjà formulées, le député RN a montré que son projet de société correspond justement aux bonnes vieilles traditions qui ont toujours été un carcan pour les femmes.Sa troisième proposition de loi vise en effet à faciliter l’école à la maison : cette proposition est bien facile est encore une fois une réponse minable aux problèmes de l’école, car qui restera à la maison pour faire l’école ? Bien souvent les femmes ainsi écartées de la vie publique.
Pourquoi Roger Chudeau est-il particulièrement dangereux pour la jeunesse avec sa fonction de député qui va aller regarder de plus près l’éducation prioritaire ? Parce qu’il ira chercher les idées qu’il a déjà conçues comme membre de l’Ifrap, comme haut fonctionnaire du ministère de l’Education Nationale de Fillon et Robien, comme ancien inspecteur d’académie du 91 et ancien inspecteur général de l’EN, et comme membre du collectif des Horaces qui a écrit un programme de présidentiable à Marine Le Pen.
Oui, Roger Chudeau sait faire croire que son expérience de notable lui donne un regard d’expert. Et quel regard ? Celui de l’Ecole qui a besoin de chefs légitimes, dans la classe comme dans les établissements, des écoles où les bons professeurs peuvent enseigner dans des locaux dégradés du moment qu’ils ont une formation de qualité, qui doit les amener à être davantage devant les élèves à appliquer des « méthodes qui marchent », des fondamentaux qui relèvent les scores de la France pour PISA.
De l’utile, du court terme, du concurrentiel, et surtout, de la bonne vieille obéissance, du bon vieux respect envers ceux qui dirigent, qui signifient absence de pensée autonome.
Alors la réforme de la voie pro qui envoie une grande partie de la jeunesse populaire directement servir de chair à patron ? Oui, ça colle très bien avec une éducation prioritaire passée à la moulinette Chudeau : celle des chasseurs de Sologne, copain des grands patrons du secteur, qui n’attendent que ça, une belle jeunesse pleine de vigueur mais sans trop d’esprit critique, qui maîtrise l’orthographe pour remplir les devis de leurs grandes propriétés, mais qui sait juste assez compter pour ne pas comprendre la démesure entre leur paye et la paye des PDG, une jeunesse qui sait renoncer à la démocratie ou qui n’en aura pas envie, une jeunesse qui rêve d’obéir pour obtenir les miettes d’une société qui se pense sans elle.
Le Syndicalisme de la FSU est tout le contraire : elle soutient que les jeunes ont besoin d’une éducation de qualité, d’une ouverture aux savoirs exigeants du langage, de la culture, de la pensée jusqu’à 18 ans et que c’est la transformation de l’école qui doit permettre à la jeunesse de s’y sentir grandir avec force. L’école est la fabrique de la démocratie, les moyens de l’Éducation prioritaire doivent être renforcés en protégeant la liberté pédagogique dans un cadre national qui fasse exister l’égalité là où les chances ne sauraient être considérées égales.
La FSU défendra, par sa pensée syndicale et son action de terrain, les outils et les pratiques nécessaires à une éducation prioritaire et une politique éducative ambitieuses pour toutes les composantes de la jeunesse.