Ce CTPA se tient dans un contexte de fortes dégradations du Service Public d’Education. L’action continue des personnels depuis la rentrée 2008, l’engagement des parents et des jeunes, l’écho favorable dans l’opinion de ces luttes, tout cela nous a permis d’obtenir une suspension de la réforme des lycées et l’ouverture de discussions. Le ministre a dû revenir en partie sur les mesures prévues pour les RASED, face à la forte mobilisation dans ce secteur. Alors que le volume des recrutements devait diminuer à nouveau pour le second degré, il a dû concéder de les maintenir au moins à la hauteur de l’an dernier. Voilà une série de premiers reculs indéniables, imposés par les mobilisations de la communauté éducative, faute de négociation et de dialogue.
Mais le Service Public d’Education reste soumis à la Révision Générale des Politiques Publiques et son dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, avec sa traduction budgétaire sous forme d’une nouvelle vague de suppressions d’emplois qui frappe l’académie beaucoup plus durement que l’année dernière. Des réformes comme celle de la formation initiale des maîtres, pilotées en partie aussi par la recherche d’économies, remettent gravement en cause la capacité des futurs enseignants à dispenser un enseignement de qualité : c’est principalement la formation professionnelle qui risque d’en faire les frais. Les conditions de travail et d’emploi vont encore se dégrader, il faut s’attendre à ce que de nombreux personnels perdent leur poste. De plus, seuls les enseignants des lycées se voient proposer une hypothétique revalorisation, à condition de s’engager dans la réforme des lycées !
Tout cela est inacceptable. Nous refusons les contraintes budgétaires imposées à notre académie pour préparer la rentrée 2009 :
– Dans le premier degré, dans un contexte soutenu de hausse continuelle des effectifs d’élèves, la suppression de 94 emplois entraînera des dégradations majeures dans le fonctionnement quotidien des écoles. La simple comparaison avec la rentrée 2008 montre l’ampleur des dégâts. Pour une augmentation quasi identique des effectifs, l’académie avait reçu 35 emplois supplémentaires en 2008 ! La saignée qui touche 3000 postes RASED (1500 postes "sédentarisés" affectés dans les écoles difficiles, mais pas sur des classes ordinaires et 1500 postes supprimés qui correspondent aux postes de RASED pourvus par des personnels non spécialisés), va laisser sans aide spécifique et indispensable plusieurs milliers d’élèves.
– Dans le second degré, la baisse des effectifs, très relative (moins 736 élèves), se traduit par la perte de 152 emplois, soit un emploi perdu par tranche de 5 élèves en moins, une ponction bien plus lourde encore, proportionnellement, que l’an dernier. Les 37 créations de postes dans les collèges sont insuffisantes face à la hausse des effectifs (plus 905 élèves), soit un emploi de plus par tranche de 24 élèves. La suppression de 41 emplois de personnels mis à disposition ou déchargés pose la question de la pérennité des fonctions variées qu’ils accomplissent actuellement, tout particulièrement dans le domaine de la formation initiale et continue. Sans compter les conséquences humaines souvent dramatiques induites par ces suppressions (postes de réadaptation).
– Dans les lycées professionnels, 42 postes sont supprimés dans l’académie à la rentrée 2009 sous couvert, une fois de plus, d’une supposée baisse démographique. Ces suppressions sont en réalité rendues possible par la généralisation des baccalauréats professionnels en 3 ans qui permet, d’une part de diminuer la capacité d’accueil des élèves dans les lycées professionnels, et d’autre part d’imposer un cursus unique de 3 ans à des élèves qui peuvent avoir besoin de plus de temps pour acquérir les savoirs requis.
Concernant les postes gagés, les enseignants qui sont aujourd’hui sur ce type de postes voient leurs heures supplémentaires non défiscalisées et ne peuvent prétendre à la prime de 500 euros promise pour 3 HSA réalisées. Il s’agit là d’un réel problème juridique qui remet en cause l’égalité de traitement entre fonctionnaires. Nous vous demandons, M. le Recteur, de remédier à ce dysfonctionnement dans les plus brefs délais.
Enfin, nous ne savons toujours pas combien d’emplois de titulaires remplaçants l’Académie va perdre, sur les 3000 suppressions annoncées au plan national. Une ponction qui va s’ajouter aux 193 emplois déjà supprimés. Comment seront effectués les remplacements l’an prochain ? La porte est ouverte au développement de la précarité.
En imposant aux infirmières des missions qui ne correspondent pas aux raisons des 15 créations de postes, l’orientation qui prévaut à ces créations de postes est détournée et méprise les missions d’accueil, de prévention et d’éducation de la profession. Ces missions sont mises à mal par une confusion des rôles entre médecins et infirmières. Les postes infirmiers créés, même si nous apprécions ces créations, ne remplaceront pas les 300 postes de MI-SE supprimés !
Et comment compenser au quotidien les 13 suppressions supplémentaires de postes de personnels administratifs, ces personnels qui œuvrent chaque jour dans les inspections académiques et au rectorat à l’organisation du Service Public de l’Education dans notre académie ?
Ces nouvelles suppressions vont dégrader les conditions d’études des jeunes de l’académie. Même si le rectorat a pu afficher sur le papier des résultats meilleurs à cette rentrée, chacun sait combien ils sont fragiles, d’autant plus qu’ils sont dus pour l’essentiel à une gestion volontariste des flux visant à diminuer les taux de redoublement et à augmenter les taux d’entrée en Seconde. La reconduction de ces objectifs l’an prochain, avec moins d’enseignants dans les lycées pour accueillir le public très hétérogène de la Seconde, et un volume d’HS proportionnellement encore accru, pose la question des chances de réussite des futurs nouveaux lycéens, alors que les sorties, les décrochages en cours de formation ou les réorientations atteignent encore un taux important.
Le désarroi de la jeunesse face à l’avenir, sur fond de crise sociale et économique, continue de s’exprimer depuis la rentrée de janvier, dans les lycées du pays et de notre académie. Le gouvernement prend le risque d’un pourrissement et d’un durcissement des mouvements en cours, il serait temps qu’il apporte une autre réponse que policière à cette jeunesse qui se sent stigmatisée et abandonnée.
La création, le 22 janvier, de 5000 emplois aidés, au titre ronflant de « médiateurs de la réussite scolaire », recrutés dans le cadre de la lutte contre l’absentéisme, est une provocation compte tenu du manque criant dans nos établissements des personnels qualifiés qui ont en charge cette mission : Conseillers Principaux d’Education, Assistantes Sociales, Infirmières, Médecins scolaires, Conseillers d’Orientation Psychologues. Cet affichage de diversion introduira encore plus de précarité au sein de notre Service Public, à un moment où se prépare une rentrée aux conditions fortement dégradées.
Nous appelons l’ensemble des personnels de l’Education Nationale à participer massivement à la journée de grève et de manifestations interprofessionnelles le jeudi 29 janvier, pour y porter l’ensemble de nos revendications pour le Service Public d’Education.