Les organisations syndicales représentées au CTPA, (FSU, UNSA-Education, SGEN-CFDT) expriment leur total désaccord avec les conditions de la prochaine rentrée, sur le plan des moyens comme des orientations qui en découlent, pour les élèves et pour les personnels.
La préparation de cette rentrée s’inscrit dans un contexte préoccupant pour les jeunes de l’académie : la diminution continue des moyens depuis 5 ans n’a pas permis les améliorations nécessaires pour diminuer les sorties et les décrochages, pour augmenter le nombre d’élèves poursuivant des études dans le second cycle général, technologique ou professionnel. Depuis deux ans, les résultats sont en recul.
Dans une logique de Service Public ayant pour mission la réussite de tous, l’académie aurait dû recevoir les moyens nécessaires à l’inversion des résultats, d’autant plus que ses difficultés particulières ont des raisons historiques, économiques, sociales, qu’il convient toujours de prendre en compte. C’est le contraire qui se produit. Sanctionnée pour ses « mauvais » résultats, dans une logique d’entreprise, elle est très lourdement ponctionnée, par un calcul de la baisse des effectifs dans le Second degré qui tire parti de la fuite des élèves à cette rentrée et de celle qui est déjà anticipée pour l’année prochaine. Il ne s’agit pas là de démographie mais bien de diminution des effectifs d’élèves du fait de l’échec scolaire. Tout est bon pour faire des économies. On marche sur la tête !
Pour le premier degré, l’insuffisance notoire des moyens attribués à l’académie depuis des années, dans un contexte de forte augmentation des effectifs d’élèves, aboutit à la dégradation du P/E académique, des P/E départementaux. L’écart se creuse encore avec les académies qui appartiennent au même groupe, signe du mauvais traitement infligé à notre académie. Avec en moyenne un poste pour 53 élèves supplémentaires attendus en septembre 2008, la prochaine rentrée s’annonce encore plus difficile que la précédente, alors que tout le monde s’accorde à dire que les premières années de la scolarité sont déterminantes pour la suite des études ; le président de la République lui-même prétend faire de l’école primaire une priorité du quinquennat. Elèves et enseignants évolueront au quotidien dans un contexte dégradé. Notre académie a absolument besoin d’une « rallonge » que nous estimons à 50 postes pour simplement accompagner la hausse attendue des effectifs (+ 1852 élèves).
Le Second degré perd 331 emplois, dont une partie est remplacée par des heures supplémentaires qui vont s’ajouter au volume actuel déjà important, sans parler des heures de l’accompagnement éducatif. La perte sèche est de 198 emplois, soit un poste supprimé par tranche de 11 élèves en moins. Les lycées sont les plus durement frappés, avec partout une diminution des DHG qui va dégrader l’offre et les conditions d’enseignement. Les collèges perdent encore 81 emplois, malgré la fin de la baisse démographique et les perspectives à très court terme d’une hausse significative et durable.
Il n’y a aucune création de personnels sociaux, de médecins, alors que tous ici nous convenons des besoins existants, la création de 18 emplois d’infirmières en partie au détriment des emplois de MI-SE est loin de couvrir les besoins, vu les difficultés d’une partie des jeunes et des familles.
Concernant les personnels administratifs, les services académiques et les établissements scolaires paient un lourd tribut aux suppressions de postes depuis 2004. Après la perte d’une centaine d’emplois dans les quatre précédents budgets, le budget 2008 annonce 34 suppressions d’emplois dans l’académie réparties en 18 suppressions dans les établissements et 16 dans les services académiques. Dans les IA, le dessaisissement de certaines missions (examens, salaires, etc.) entraînera la perte de 35 postes à la rentrée 2008. Dans les établissements, outre les 18 suppressions de postes affichées, c’est aussi la fermeture de près d’une dizaine d’agences comptables qui serait programmée sur deux ans (2008 et 2009), avec poursuite de l’hémorragie dans les années à venir. Les missions administratives au plus près des élèves et de leurs familles et le travail de gestion de qualité sont gravement en danger.
Et ce n’est que la première étape de la paupérisation de l’école programmée pour le quinquennat, puisque c’est un total de 80 000 emplois qui devraient disparaître dans les cinq ans.
Dans le même temps les orientations rectorales marquent une rupture avec l’objectif d’élévation du niveau de formation de tous les élèves.
Il n’est plus question d’enrayer les constats inquiétants faits lors du dernier CTPA. Au mieux on stabilise, comme par exemple les fuites à l’issue du collège. Les conditions de la prochaine rentrée posent donc lourdement la question de l’avenir scolaire des jeunes les plus fragiles, qui risquent bien d’être les victimes de ce renoncement. Ces choix préfigureraient-ils les réformes élaborées en catimini au Ministère, dont la première étape est la soi-disant expérimentation de la généralisation du Bac pro en trois ans, avant démantèlement de la voie générale et technologique, et qui orchestreront le tri sélectif des élèves ?
Le zèle à mettre en œuvre cette réforme dans l’académie, au-delà même de ce que le Ministre avait recommandé dans sa première circulaire, est au mieux incompréhensible, au pire, irresponsable, car il va briser un dispositif qui permet à des élèves d’obtenir un Bac professionnel au bout de 4 ans, après avoir retrouvé confiance dans les études grâce à l’obtention d’un BEP, et qui tient compte de la prudence des familles dans leur stratégie d’orientation. Le bilan de l’expérimentation menée depuis trois ans dans l’académie confirme sur ce plan le rapport de l’Inspection Générale. Nous dénonçons la malhonnêteté des arguments invoqués pour justifier auprès des familles la réduction du Bac Pro à trois ans. Imposer cette réforme sous prétexte d’égalité est une imposture : l’égalité consiste justement à prendre en compte les différences. Donner moins à ceux qui en ont le plus besoin, est-ce cela l’égalité ? Le constat de rentrée soulignait d’ailleurs le seul point positif : l’augmentation des poursuites d’études après le BEP, vers un Bac pro ou une 1re d’adaptation. Nous demandons la suspension de cette réforme, et une concertation large permettant d’étudier les nouvelles implantations de Bacs pro. 3 ans sur le seul critère de réussite effective des élèves conformément aux recommandations de l’Inspection Générale dans ses rapports de 2003 et de 2005.
En ce qui concerne les personnels, les ravages du « travailler plus pour gagner plus », sont en marche, notamment pour les enseignants du Second Degré : 133 emplois supprimés sont remplacés par des heures supplémentaires. De nombreux enseignants risquent ainsi de perdre leur poste ou de faire un complément de service, pendant que, dans le même temps, des collègues de la même discipline assureront des heures supplémentaires. C’est tout simplement scandaleux. Des besoins permanents devront être couverts par ces heures, bien au-delà de l’heure supplémentaire imposable. Sur quels leviers ministre et recteur comptent-ils s’appuyer pour que les personnels acceptent l’inacceptable ? Sur la spirale de la baisse du pouvoir d’achat compensée par des heures supplémentaires ? Sur un mérite évalué en fonction de leur capacité à les absorber sans rechigner et à s’inspirer de la « radicalité du sacrifice » des prêtres et des pasteurs ? Sur leur perméabilité aux discours culpabilisants, moralisateurs, voire insultants, dont ils sont l’objet de la part du ministre et du président ? Sur la division entre les personnels et la promotion de l’individualisme ? En attendant les conclusions de la Commission Pochard ?
Dans ces conditions, l’intersyndicale régionale FSU, UNSA-Education, SGEN-CFDT, SUD-EDUCATION, CGT, SNETAA, appellent les personnels à participer massivement à la journée d’action de grève et de manifestations du 24 janvier prochain :
– pour un budget de l’Education réévalué, une rallonge de la dotation académique pour la rentrée 2008 qui tienne compte de ses besoins pour les élèves.
– pour une politique éducative ambitieuse, créant les conditions de la réussite de tous, et la programmation de recrutements à la hauteur de cet objectif.
– pour une revalorisation des salaires et du pouvoir d’achat des personnels.
Elle les appelle à prendre toutes initiatives localement pour dénoncer les conditions de préparation de la rentrée, notamment l’insuffisance des dotations, la transformation des Bacs pro. et la fermeture des BEP, organiser avec les élus des Conseils d’Administration le refus des DHG et l’exigence des moyens nécessaires.
Sur le terrain du dialogue social, Monsieur le Recteur, vous avez apparemment fait le choix d’adopter le style « service minimum », que nous percevons comme un certains mépris, nous dénonçons cette attitude, nous souhaitons une inflexion très nette de votre part. De leur côté les représentants du personnel élus continueront à faire entendre avec force la voix des personnels dans les instances, à argumenter leurs propos et à demeurer une force de proposition.