10 avril 2022

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Congrès de Bourges : les AED au centre des combats du SNES-FSU !

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Congrès de Bourges : les AED au centre des combats du SNES-FSU !

Le congrès académique du SNES-FSU Orléans-Tours qui s’est tenu à Bourges les 6, 7 et 8 avril 2022, a placé les assistantes d’éducation au centre de ses préoccupations syndicales.

Les transformations du travail AED

Les membres du congrès se sont tout d’abord accordées sur les profondes transformations qu’a connu - et continu de connaître - le travail d’AED.

Les AED ont en effet des missions statutaires très proches, voir identiques à celles des M.I.-S.E. [1] datant pourtant de 1937-38. La seule originalité notable – mais déjà obsolète –, s’expliquant par le processus de numérisation du début des années 2000, est le fait que les AED aient pour mission d’aider à l’apprentissage des nouvelles technologies.

C’est une évidence de dire que l’Éducation Nationale a connu des changements depuis le Front Populaire comme la démocratisation de l’enseignement secondaire dans les années 60 ou les bouleversements de Mai 68. Les fonctions que l’on appelle de « surveillance et d’encadrement » se sont adaptées à ces transformations, processus commencé dès les M.I.-S.E., lesquelles à partir des années 70 effectuaient un travail bien différent de celui de ceux et de celles qui occupaient la même fonction dans les années 30. Mais au contraire d’autres personnels et en particulier des CPE, qui de 1970 à 2015 ont connu différentes circulaires redéfinissant leur rôle et leurs missions, ces adaptations se sont faites de facto et non pas de jure, malgré un changement de statut par la loi du 30 avril 2003.

En conséquence, il existe un décalage entre les missions statutaires et le travail effectué, et c’est pourquoi il est indispensable que le statut des AED soit profondément transformé.

	Une cédéisation insatisfaisante

Néanmoins, la cédéisation permise par la loi du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire ne saurait constituer dans l’état actuel des choses une solution satisfaisante. La section académique reconnaît que beaucoup de nos collègues y voient une réponse favorable à la revendication légitime exprimée par les grèves depuis le 1er décembre 2020 de pouvoir exercer le métier d’AED après six ans d’exercice, mais, loin d’être une victoire, cette loi s’apparente plutôt à un véritable recul social. Cette dernière ne prévoit en effet aucune réflexion sur les missions, aucune revalorisation salariale, pas de prime REP et REP+ pour les collègues travaillant dans des établissements appartenant à ces dispositifs ...

La seule chose que cette loi permet, c’est la possibilité de vivre dans la précarité de manière permanente !

C’est pourquoi le SNES-FSU d’Orléans-Tours s’est de nouveau positionné sur des améliorations immédiates des conditions de travail, revendications ayant des airs de véritables mesures d’urgence pour les établissements au vue des difficultés de recrutement que connaissent bon nombre de vies scolaires de notre académie à cause du peu d’attractivités des postes d’AED :

  • Augmentation salariale au niveau de la catégorie B de la fonction publique ;
  • Octroi des primes REP et REP+ ;
  • Retour à un recrutement rectoral avec possibilités de mobilités cadrées par un barème afin d’éviter toute dérive managériale locale ;
  • Mise à plat du temps de travail : fin de l’annualisation, organisation du temps de travail permettant de concilier poursuite d’études et la mission d’AED.

À ce sujet, le congrès académique s’est positionné sur une abrogation du décret n°2021-1651 du 15 décembre 2021 qui permet aux AED d’effectuer des heures supplémentaires effectives, rémunérées à hauteur de 13,11€ selon l’arrêté du 15 décembre 2021.

Ces dernières participent en effet dangereusement à l’appauvrissement de la qualité de l’enseignement et de l’orientation en substituant ponctuellement des enseignantes et des PSY E.N. par des AED. De plus, le taux horaire hebdomadaire des assistantes d’éducation est déjà bien trop conséquent (41 heures) pour que l’on y ajoute en plus des heures supplémentaires.

Le seul moyen d’augmenter le pouvoir d’achat des personnels précaires de l’Éducation Nationale, c’est la revalorisation salariale !

	Etudiant.e surveillant.e et aide éducateur.ice

A ces mesures immédiates doivent s’accompagner des transformations profondes, et c’est pourquoi le SNES-FSU d’Orléans-Tours s’est mandaté pour le remplacement du statut d’AED par deux statuts distincts :

  • Un statut « d’étudiante-surveillante » peu ou prou fondé sur celui des M.I.-S.E et qui permettra d’avoir une présence d’étudiantes dans les établissements afin que les élèves puissent, à travers eux et elles, faire le lien entre l’enseignement secondaire où ils et elles se trouvent, et l’enseignement supérieur, auquel ils et elles se destinent. De même, un tel statut permettra à des étudiantes de trouver une ressource financière suffisante pour poursuivre des études, et cela, avec une charge de travail hebdomadaire assez basse pour le faire dans des conditions satisfaisantes.
  • Un statut « d’aide-éducateur.ice », c’est-à-dire un corps de catégorie B de personnel de vie scolaire et qui quant à lui permettra aux établissements du second degré d’avoir en leur sein des membres du personnel agissant au plus près des élèves sans qu’ils et elles n’aient à partir obligatoirement après six ans, obligeant à se séparer de personnels qualifiés.
    Tout est à construire dans ce nouveau statut de la fonction publique, mais il est déjà possible d’en tracer les grandes lignes :
    • Ce corps serait constitué de personnels recrutés sur concours.
    • Les affectations dans les établissements se feraient en fonction des barèmes et des vœux de chacune.
    • Ce corps doit permettre des évolutions de carrière en facilitant l’accès aux décharges pour études ou pour la préparation de concours de la fonction publique.
    • Le taux horaire de travail hebdomadaire doit être de 35 heures.

Tels sont donc les mandats sur les AED que la section académique du SNES-FSU portera au congrès national qui se déroulera à Montpellier la semaine du 9 mai 2022, et pendant lequel, cela est déjà certains, les AED seront au centre des discussions.