Alors que le chiffre de 17 000 lycéens sans affectation dans l’enseignement supérieur est repris par tous les médias, le gouvernement et le ministère restent dans une posture de déni de toutes les conséquences négatives engendrées par la loi ORE, le système Parcoursup et le manque criant de places. Ils répètent en boucle que le système d’affectation des élèves Parcoursup est supérieur à l’ancien APB (admission post bac) en affirmant que le tirage au sort était la méthode largement utilisé par ce dernier alors qu’elle ne concernait que 0,9% des formations (essentiellement la licence STAPS) !
Parcoursup a également engendré beaucoup d’angoisse du fait de l’accès, par les élèves, aux « attendus » des formations (qui pour beaucoup pouvaient être confondus avec les objectifs de la formation), du rapport nombre de demandes de l’année dernière et capacités d’accueil (avec des effets d’autocensure), et de la création de nouveaux critères de sélection (questionnaire pour la licence de droit par exemple)... Le système dans sa forme a subi de nombreuses modifications qui souvent, n’ont pas été transmises aux élèves, aux enseignants et aux psychologues de l’EN. La dernière en date : obligation pour un élève qui a été accepté dans une formation mais qui est encore en attente dans d’autres, de s’inscrire dans cette formation avant le 5 septembre et donc de renoncer aux vœux en attente, au risque de perdre cette formation.
De nombreuses officines privées ont bien compris l’ intérêt de surfer sur cette angoisse en proposant des « kit » spécial parcoursup comportant lettre de motivation, CV, conseils en ligne..
Mais l’objectif est-il bien d’augmenter les capacités d’accueil et de permettre à tous les élèves de terminale de poursuivre des études en enseignement supérieur même si les capacités d’accueil ont été augmentées ?
Rappelons que l’article 1 Alinéa 8 de la loi ORE stipule que « la modification des capacités d’accueil prend en compte les taux de réussite et d’insertion professionnelle observés pour chacune des formations ». Les formations universitaires jugées inadaptées au marché du travail risquent donc de disparaître.
La loi ORE et Parcoursup ne sont en aucun cas une réponse à un problème conjoncturel. Pour preuve 21 000 places supplémentaires ont été crées et 10 000 annoncées début juillet par la ministre alors qu’à cette rentrée ce sont près de 40 000 étudiants supplémentaires qui sont susceptibles de rentrer dans l’enseignement supérieur. De plus ces places supplémentaires ne seront financées qu’à seulement 50 % par des moyens réellement alloués. Le gouvernement, via la loi ORE et Parcoursup, n’a pas comme objectif d’augmenter le nombre de places dans les universités à la hauteur de l’évolution démographique. Bien au contraire, pour ne pas investir dans l’enseignement supérieur, le but du gouvernement est d’inciter les futurs étudiants à aller dans des institutions privées, à rendre les étudiants responsables de leur réussite universitaire, à ouvrir le marché de l’éducation et les inciter à se diriger vers les formations en apprentissage. Parcoursup est le parfait outil pour réaliser ces objectifs. Il est également l’instrument de mise en place de la sélection à l’entrée à l’université avec la création d’algorithmes locaux avec des critères comme le type de bac, la présence de certain termes dans les lettres de motivation...
Concrètement il faudrait 17,5 milliards supplémentaires sur 10 ans pour accueillir dans les conditions actuelles, les jeunes dans l’enseignement supérieur soit 350 000 bacheliers de plus sur cette période.
Dans l’académie d’Orléans Tours
• 25 603 candidats ont formulé au moins 1 vœu
• 852 places supplémentaires ont été créées dont 190 en BTS
• il resterait 740 places vacantes dont 36% dans le privé
Pour l’instant, nous n’avons pas le nombre d’élèves sans affectation. Par contre des élèves notamment ceux de bac professionnel, qui étaient en attente dans tous leurs vœux, ont renoncé purement et simplement. Et beaucoup d’élèves de bac professionnel ont été refusés dans tous leurs voeux. Le rectorat a donné des consignes implicites aux personnels des CIO de recevoir ces élèves en attente ou refusés et de les inciter à faire des démarches de recherche d’emploi. Ce qui aurait eu pour conséquence de retirer ces élèves des statistiques. Les personnels, choqués ont refusé.
840 élèves tout bac confondu, refusés dans tous leurs vœux ont saisi la commission académique, la démarche de saisie n’étant pas obligatoire, le nombre d’élèves sans affectation est certainement plus élevé. Sur ces 840 seuls 43 ont reçu une proposition . Le rectorat vient ainsi de faire l’expérience que même s’il reste des places vacantes (740), elles ne correspondent pas forcément aux souhaits des élèves en terme de formation et de lieu et qu’une approche gestionnaire des flux n’est pas aussi simple. La réalité résiste.