Dans le cadre de la conférence nationale du handicap a été célébré, à l’Elysée, mardi 11 février 2020, le quinzième anniversaire de la loi de 2005. Etaient conviés 400 personnes et moult représentants de l’Etat. Parmi eux se trouvaient le ministre de l’Education nationale, un principal de collège à la tête d’un PIAL et le Président de la République.
Le ministre de l’Education nationale reconnaît que les accompagnant(e)s d’élèves en situation de handicap sont mal payé(e)s car il ne leur ait proposé que des contrats à temps partiel. Il omet de préciser que cela est de son fait !
Comme toujours, il est affligeant de relever des confusions lexicales dans le discours d’un ancien recteur surtout lorsqu’il assimile type de contrat à « carrière ». Deux contrats de trois ans, suivi d’un contrat à durée indéterminée ne constituent pas une carrière, mais juste une évolution de contrat qui confère toujours un statut précaire à son signataire.
Quant à la carrière, il est bon de se rappeler qu’en 2014 la grille indiciaire comportait dix échelons, qu’elle en a perdu un en 2017 et qu’elle ne comporte plus que huit depuis juin 2019.
Cette nouvelle grille indiciaire impose aux accompagnant(e)s un salaire brut de 1522,96€ brut en début de carrière, pour les chanceux qui ont un temps plein, et un salaire brut de 1701,03€ en fin de carrière. Il faut vingt et un ans d’exercice pour arriver au dernier échelon de cette grille, et cela dans le meilleur des cas, c’est-à-dire lorsque les entretiens professionnels triennaux sont mis en place pour chaque agent (puisque c’est à ce moment de leur carrière qu’ils sont censés changer d’échelon !). Or, il est des accompagnant(e)s avec plus de dix années d’expérience qui n’ont jamais eu d’entretien professionnel !
Quant au terme de ces deux décennies, au cours desquelles le pouvoir d’achat de l’accompagnant(e) aura augmenté de la faramineuse somme de 178,07 €, vingt autres années d’exercice seront encore nécessaires pour atteindre l’âge de la retraite, laquelle chez les salariés précaires survient vers 65, voire 70 ans.
Le ministère de l’Education nationale offre vraiment des perspectives de carrière attractives aux accompagnant(e)s d’élèves en situation de handicap !!!!
Nonobstant une augmentation de salaire décente, une carrière suppose une évolution dans un poste de travail. Or, qu’est-il proposé aux accompagnant(e)s de début à la fin de leur trajectoire professionnelle ? Rien !
Que l’accompagnant(e) soit exclusivement accompagnant(e), ou missionné(e) pour être coordonnateur de PIAL ou référent(e), seule la mission d’accompagnement figure sur son contrat. La création des deux missions suscitées aurait dû être l’opportunité pour l’Education nationale d’initier pour les accompagner une carrière évolutive, en sanctionnant ces missions par un passage à l’indice supérieur et en les inscrivant sur leur contrat, comme indiqué dans la circulaire n° 2019-090 du 5-6-2019 pour les référent(e)s. Au lieu de cela, des personnes sont désignées pour accomplir ces missions, sur la base d’un contrat d’accompagnant(e), sans reconnaissance des nouvelles compétences mises en œuvre par ces agents.
Puis ce fut au principal de collège d’évoquer « l’agilité » instaurée par la mise en place du PIAL. La langue française est riche ! « Agilité », « flexibilité » ? « Agilité » est plus champêtre, peut-être, pour décrire les déplacements intempestifs imposés aux accompagnant(e)s d’une école à l’autre, sans que l’agent ait le temps de s’organiser en fonction de ses contraintes familiales, et ce, en non-conformité avec la circulaire précédemment citée.
La conférence s’est achevée magistralement par l’intervention présidentielle dans laquelle il est affirmé que les accompagnant(e)s sont formé(e)s puis recruté(e)s ! Ici la Terre : les accompagnant(e)s sont recruté(e)s puis formé(e)s au bout de trois mois au terme de leur période d’essai ! (Et ce, toujours dans le meilleur des cas !)
Le plus haut représentant de l’Etat perçoit les contrats des accompagnant(e)s comme étant plus sécurisés parce qu’issus de l’Education nationale, mais il constate « en même temps » qu’il y a « trop de temps partiel au smic » et que cela « ne marche pas ». S’il l’admet, qu’attend-t-il dès lors pour flécher des budgets conséquents afin que cela « marche » et que les accompagnant(e)s n’aient à pas à chercher un second employeur ? Il précise entre-autre qu’il faut travailler à la stabilisation de ces personnes avec d’autres employeurs pour leur donner 35 heures de travail ». Au lieu de construire deux boulots alimentaires, et d’éparpiller les énergies du personnel, ne faudrait-il pas mieux donner aux agents les moyens de se stabiliser dans leur mission d’accompagnement au sein de l’Education nationale, et ce, justement pour que cela « marche » ?!
Et l’ultime pensée présidentielle se dévoile dans la dernière partie de son propos lorsqu’il est précisé que « si les enseignant(e)s sont formé(e)s, il n’y aura plus besoin d’accompagnant(e)s ». La planification de cette disparition est déjà en œuvre puisqu’il sévit actuellement une politique de recrutement des étudiant(e)s et des services civiques, dont chacun sait le caractère éphémère de leur passage dans le monde professionnel. L’on comprend mieux dès lors la réduction de la grille indiciaire et l’absence d’entretiens professionnels dans le parcours des accompagnant(e)s. Ainsi, n’est-il point utile d’investir sur les accompagnant(e)s …
Quid des promesses électorales sur la professionnalisation des accompagnant(e)s et sur l’assurance d’un accompagnement de qualité ?
Joyeux anniversaire !
Syndicalement vôtre,
Virginie CASSAND
SNES-FSU Paris