« Le Grand Meaulnes » ou le collège qui ne voulait pas mourir

jeudi 23 juin 2022
par  Matthieu PICHARD

Parfois, lorsque les temps sont sombres et que l’avenir semble incertain, on a besoin de croire que tout est encore possible.
Notre histoire commence dans un quartier populaire de Bourges. Le cœur de ce quartier, c’est son collège, un collège REP+, le seul du département. Collègues, élèves et parents ont su faire de ce lieu l’espace de tous les possibles. Entre ses murs résonnent les tirades de la classe CHAT ainsi que les notes de la classe CHAM. Loin, bien loin de ces rues et de ces immeubles, des études sont menées, des décisions sont prises. Notre histoire prend alors un tour dramatique, tragique. Au détour de réunions d’instance, d’apartés et d’allusions, les collègues ont eu la certitude que leur collège serait sacrifié sur l’autel de la rigueur budgétaire.
Le Conseil départemental doit faire des économies et c’est aux plus fragiles de faire des efforts. Après tout, que pèsent trois cents élèves issus de milieux défavorisés ? Pas grand-chose, sans doute, durent penser les élus de la majorité départementale.
Notre histoire aurait pu s’achever sur des locaux murés mais c’était sans compter la détermination des collègues, des associations, des élèves et des parents.
Un collectif est né, épaulé par le SNES-FSU, et ce collectif n’a eu de cesse de mobiliser le quartier et au-delà. De réunions en actions collectives, il a attiré l’attention des élus, des médias et finalement celle du Conseil départemental.
En quelques semaines, le collectif a su mobiliser un quartier, une ville autour de la défense du collège. Pétitions, audiences, actions, présence sur les marchés : une force collective était en marche, personne ne put l’arrêter.
Ceux qui ne comptaient pas, ceux qu’on écoutait plus ont uni leur voix pour dénoncer et se faire entendre. Seuls, leur colère se serait brisée contre l’indifférence d’une collectivité sourde à leur souffrance, ensemble, ils ont fait vaciller les certitudes. Et là-bas, loin, bien de ce quartier uni autour de son collège, ceux qui décident ont commencé à douter, et douter c’est penser le monde tel qu’il est et non tel que le figure les austères graphiques des cabinets d’analyses privés. Ils ont alors quitté leurs bureaux et sont allés à la rencontre de ces gens dont on leur disait qu’ils ne comptaient pas
Entre les murs de ce collège qui ne voulait pas mourir, ils ont découvert des femmes, des hommes, des enfants, tout un collectif dont la richesse et l’engagement leur ont enfin ouvert les yeux.
Le collège fut sauvé et son cœur continue désormais à battre au cœur d’un quartier plus riche encore aujourd’hui de liens nouveaux et multiples.
Voici la fin de cette belle histoire. Lorsque s’unissent les forces citoyennes et syndicales, lorsque se construit un collectif solide et tenace, l’impossible rejoint le champ du possible et le jour se lève alors sur de belles victoires.


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