Puisque le Ministre n’a daigné le faire qu’au bout de 10 jours, nous allons la nommer. Elle s’appelait Christine Renon. Elle était directrice d’École et comme beaucoup de personnels enseignants, elle trouvait que d’année en année, de réformes en réformes, son métier perdait du sens. Puisque le Ministre n’a pas daigné le faire, nous allons le dire. Christine a mis fin à ses jours il y a maintenant deux semaines.
Injonctions de plus en plus nombreuses, réformes hâtives et dénuées de sens, standardisation des pratiques professionnelles, absence de médecine du travail, absence de soutien de l’institution….
Ce sont là les vraies causes du mal-être enseignant.
Le suicide le 9 septembre dernier de Laurent Gatier, enseignant au lycée hôtelier de Chamalières, qui a entraîné une saisie du CHSCTA de Clermont-Ferrand et du procureur de la République, ne peut qu’aggraver le trouble actuel. A l’instar de Christine Renon, Laurent Gatier a mis en cause sa hiérarchie dans une lettre. N’oublions pas non plus le suicide de Frédéric Boulé, le 12 septembre, professeur de SVT au lycée international de Valbonne, 5 jours après avoir rencontré le médecin de la prévention du Rectorat.
Alors ce n’est pas un comité de suivi de la fonction de directeur d’école dont ont besoin les personnels. Ce n’est pas non plus de faire revenir les EPLESF, sous n’importe quel nom, alors même que l’opposition a été si forte l’année dernière et c’est encore moins la poursuite des réformes anxiogènes actuelles tant dénoncées par les personnels.
Les enseignants ont besoin de retrouver du sens dans le cœur de leur métier, de pouvoir se le réapproprier. Pour cela, il faut que le gouvernement cesse sa course aux réformes, que chaque ministre n’ait plus pour seule ambition que de laisser son nom à une loi, une réforme, que la parole soit redonnée aux élus des personnels. C’est pourtant tout le contraire qui est fait avec la loi de « transformation de la Fonction Publique », avec celle « pour une école de la confiance », avec les réformes du bac et des lycées, avec la mise en place des évaluations en CP, CE1, 6e et 2de.
Parlons-en de ces tests. A quel moment le ministère descendra-t-il de ses hautes sphères pour comprendre l’absurdité de la mise en place de tels tests au collège et au lycée ? En 2de l’année dernière, les tests étaient trop courts, trop faciles. Cette année, ils sont trop longs… Faut-il 3 ans au ministère pour s’ajuster ?
Combien faudra-t-il d’alertes des personnels, des syndicats ?
Combien faudra-t-il de Christine Renon, de Laurent Gatier et de Frédéric Boulé pour que l’institution daigne finalement nous écouter sans tenter de cacher les drames qui secouent l’Éducation Nationale, sans tenter de museler la parole des personnels ?
Alors, nous vous alertons une fois de plus aujourd’hui, devant les élus, devant les fédérations de parents d’élèves, devant vous Mme la préfète, devant vous M. le DASEN : les enseignants sont épuisés, pas seulement les directeurs d’École comme aimerait le faire croire M. Blanquer, il est urgent de les écouter et d’agir pour améliorer leurs conditions de travail. Ils ne sont ni fragiles ni dépressifs, ils sont maltraités. Les paroles tenues par le Président de la République lors du débat à Rodez ne fait qu’accentuer la défiance et nos inquiétudes quant à la non prise en compte des difficultés du métier.
Aujourd’hui nous sommes réunis pour étudier, dans ce CDEN, les DGF octroyées par le conseil départemental aux collèges du Cher. Les budgets trop limites que nous dénoncions l’année dernière conduisent le conseil départemental à revenir sur de légères augmentations. Oui, légères puisque le budget reste inférieur à celui de 2018. Mais regardons bien ces établissements. Chaque visite de CHSCTD révèle des problèmes matériels. Les conditions de travail sont difficiles dans les collèges du Cher. L’isolation thermique est mauvaise mettant les élèves et les personnels dans des conditions de travail et d’apprentissage inadmissibles ! Dans quel collège n’a-t-on pas atteint en juin ou même en ce début d’année scolaire les températures de 30°c, minimum, en salle de classe. Il est urgent que le conseil départemental prenne ses responsabilités et engage des travaux d’ampleur. La FSU alerte sur cette question également et espère qu’il ne faudra pas attendre un quelconque accident pour que la situation évolue. A ce titre nous demandons une présentation du programme prévisionnel des investissements relatifs aux collèges.