Le SNES-FSU au Comité Technique Spécial Départemental sur les DHG

vendredi 14 février 2020
par  Julien JAFFRE

Avec 12 postes supprimés pour 213 élèves en moins, la rentrée 2020 se prépare, une fois de plus, sous de mauvais auspices. Le SNES-FSU a déclaré d’emblée lors de ce comité technique départemental que l’occasion était belle de profiter de la baisse démographique pour améliorer les conditions d’apprentissage des élèves en ne réduisant pas les moyens dévolus aux établissements et en entendant enfin la demande des personnels de réduction des effectifs par classe ! C’est pourtant ce que les représentant-es des collèges de Gallardon, Maintenon, Bonneval, Les-Petits-Sentiers, Mainvilliers, Epernon, accompagné-es par les militant-es SNES-FSU, sont tout-es venu-es dire en audience à l’IA !

Le navire craque et prend l’eau de partout, et l’amiral (Jean-Michel Blanquer) répète que tout va bien, suivi par son capitaine et son adjointe (l’IA et sa secrétaire générale) qui scandent le même refrain. La FSU a mis l’accent sur la souffrance au travail, qui devient prégnante dans l’Éducation nationale, et sur le sentiment de mépris renvoyé par l’institution, qui entend mais n’écoute pas, d’où le sentiment d’un dialogue de sourds. L’Inspectrice d’académie et sa secrétaire générale sont dans un déni de réalité car :
• « les collègues ne souffrent pas, ils doivent simplement changer de métier, qui reste « le plus beau du monde » ! »
• « il faut vous former... pour gérer des classes de 30 ! » Pour l’administration, le problème n’est pas le manque de moyens, puisqu’elle impose la règle de ne pas ouvrir de nouvelle division si le seuil de 30 élèves par classe sur un niveau n’est pas atteint.
• enfin, la marge magique d’autonomie, réponse joker à tous les problèmes : « vous avez des moyens, faites des choix dans vos établissements ! »
Le renvoi de toutes les solutions sur le local, c’est aussi la vision de la réforme du lycée du ministère... d’où la catastrophe des E3C, thème par lequel ce comité technique a commencé. La réponse de l’IA a été la même que celle de son ministre : « tous les élèves du département ont pu composer normalement, il n’y a pas eu de perturbations dans les lycées ». Pourtant, dans tous les lycées du départements les enseignants se sont mobilisés contre les conditions de passation de ces épreuves ! Pire, des élèves de BTS ont été réquisitionnés par un proviseur pour assurer des surveillances, sans qualification ni statut, au mépris de la loi et du droit de grève. Réponse de l’IA et de la SG ? Surréaliste ! « Dans le temps, il y avait bien des maîtres auxiliaires, qui étaient jeunes... » Nous lui faisons remarquer que le problème n’est pas la jeunesse, mais l’absence de statut : un élève ne peut pas surveiller les épreuves d’autres élèves du même établissement, pour un examen qui se veut national et égalitaire !

Cette réponse, prête à tout justifier même les pires dérives, est caractéristique de l’ambiance actuelle au ministère de l’Éducation Nationale où la parole des personnels et de leurs représentant-e-s sont si peu considérées....
Dernier exemple : Pour cette rentrée 2020, sans doute pour masquer les suppressions massives de poste, le rectorat a mis en place, sans aucune concertation, un nouveau mode de répartition de la dotation départementale entre les collèges. Ce nouveau mode de calcul, fait apparaître, à côté de la considération de la distance sociale à l’école par l’IPS, d’autres indicateurs. Ceux-ci aboutissent à la remise en cause de l’éducation prioritaire puisque la dotation ainsi répartie ne différencie en rien les collèges relevant de l’éducation prioritaire des autres établissements. Par exemple l’indice d’éloignement, construit pour mesurer la distance géographique vis à vis des équipements culturels, nie les inégalités sociales d’accès à la culture pourtant clairement mises en lumière par près d’un siècle de travaux sociologiques ! Il considère en effet comme les moins éloigné-es des équipements culturels et sportifs les élèves des collèges de l’Éducation Prioritaire car ceux-ci vivent dans les banlieues des principales agglomérations du département !
S’il est évident que tous les établissements doivent bénéficier de toute notre attention au moment de l’attribution de la DHG, nous nous interrogeons : En quoi un abondement de la dotation réduit-il l’éloignement des petits collèges ruraux mis en lumière par l’indicateur retenu ? Et qu’il est bien saugrenu de voir aujourd’hui l’administration se soucier d’établissements ruraux et de petite taille qu’elle a, hier, délibérément exclu de l’Éducation Prioritaire lors de la réforme de la carte de l’éducation prioritaire en 2014 !
Les personnels ne peuvent également qu’être scandalisés par la façon dont le rectorat met en œuvre l’engagement à prendre en compte les élèves d’ULIS dans le calcul de la dotation. Ces élèves sont réduits à des taux d’élèves à besoins particuliers, bien loin de l’engagement de les prendre en compte dans les effectifs des divisions dont ils font partie !
Il est donc urgent de revoir cette manière de répartir la dotation entre les collèges qui utilise des indicateurs peu fiables, qui ne respecte pas les priorités clairement exprimées par les personnels pour la qualité du service rendu à tous les usagers et qui ne permet même pas d’atteindre les objectifs qu’elle prétend se donner... L’IA nous a simplement répondu que des remontées avait été faites pour que certains indicateurs soient corrigés pour la rentrée...2021 !! Elle s’est également engagée à ce qu’il n’y ait pas une seule division à plus de 30 élèves à la rentrée 2020. Les représentant-e-s des personnels font remarquer qu’entre les ULIS et UPE2A non comptabilisés, même une classe techniquement à 28, se retrouvera au dessus de la limite fixée. L’IA s’engage à allouer en juin-juillet les moyens nécessaires pour ne pas dépasser ce cap des 30....A suivre !
Pour l’instant, quelques abondements de dotation sont décidés par l’IA : les collèges d’Epernon et Marcel-Pagnol à Vernouillet reçoivent 18 HP chacun (pour ouverture d’une division supplémentaire suite à une révision des prévisions d’effectifs), Jean-Macé à Maivilliers 10 HP (pour des « projets »), Mathurin-Régnier à Chartres 2HP (pour éviter un complément de service en allemand).
Sans surprise, au terme de ce dialogue de sourds, la répartition de la dotation départementale a été unanimement rejetée par les 10 représentant-e-s des personnels.
La préparation de la rentrée 2020 continue face à l’IA avec, un groupe de travail le 3 mars 2020, le comité technique spécial départemental du 5 mars 2020 et le Comité départemental de l’Éducation Nationale du 31 mars 2020.
Nos actions doivent donc continuer et déboucher sur une mobilisation coordonnant nos colères d’établissement pour faire comprendre à notre administration qu’au delà de 25 élèves par classe en collège ordinaire, de 20 en REP, on ne travaille pas bien ! Dans tous les Établissements !!
Et qu’il faut donc plus de moyens pour diminuer les effectifs par classe !!!

Déclaration des représentant-es FSU au CTSD